Renoncer à l’avion ? Jusqu’au jour où…

Parfois la vie nous met à l’épreuve dans nos convictions, nos valeurs, nos croyances. C'est ce que j’ai vécu depuis décembre dernier quand nous avons appris que la prochaine affectation de mon mari serait la Malaisie…

Depuis que nous avions décidé ensemble qu’il était temps pour lui de repartir en expatriation (pour son bien-être et son épanouissement professionnel), je caressais l’espoir qu’il obtienne une opportunité en Europe. Les choses se sont passées autrement.

Alors on l’a échappé belle quand même, car au-delà de la longue distance on aura pu tomber sur un pays qui n’aurait vraiment pas coché les cases en matière d’éthique, de respect des droits humains, d’écologie.

Quoi qu’il en soit, cette décision on l’avait prise ensemble, il fallait l’assumer. Et ça n’a pas été une mince affaire ! Des hauts et des bas émotionnels j’en ai vécu pour finalement enfin trouver un équilibre acceptable qui me permette d’aborder ce changement avec plus de sérénité.

Quand nos convictions se heurtent à la réalité

A l’annonce de la confirmation de cette affectation de trois ans j’étais dévastée – j’ai beaucoup pleuré. Plusieurs sentiments se sont mélangés.
D’abord, la tristesse d’envisager une nouvelle séparation d’avec mes filles (il y a 10 ans j’avais déjà fait l’expérience de l’expatriation et j’avais perdu la garde de mes filles).
Ensuite la honte et la culpabilité, traduction de la  profonde dissonance cognitive entre mes engagements écologiques et les voyages en avion que je n’éviterai pas pour aller voir mes enfants une à deux fois par an.

Concernant mes filles, il a suffi d’en parler pour être rassurée. Elles savaient que nous allions repartir – certes pas forcément si loin – et ont fait preuve d’une grande compréhension et générosité.
Cela dit, j’ai eu le besoin d’être présente jusqu’à la fin de l’année scolaire en cours pour les accompagner du mieux que je pouvais pour les échéances de l’année à venir : entrée à la fac pour l’une et en master pour l’autre. Cette décision impliquant d’être séparée de mon mari pour près de six mois, elle n’a pas été très facile à vivre malgré tout.

Pendant quelques semaines je n’ai pas osé en parler au-delà de mon entourage le plus proche.
Comment une écolo apparemment si engagée pouvait prendre l’avion ?
Quelle légitimité désormais pouvais-je incarner pour parler d’écologie, moi qui allait « cramer » mon empreinte carbone ?

Calculer, compenser… mais toujours questionner

Plutôt que de me faire des idées sur l’impact que j'allais générer, je l’ai mesuré.

  • Un aller-retour Paris/Kuala Lumpur c’est environ 3,5T de CO₂ .
  • Si je fais deux voyages par an pour voir famille et enfants cela porterait donc la charge de ces voyages à 7T.
  • Mon empreinte actuelle, selon « Nos gestes climat » est un peu inférieure à 5T.
  • J’atteindrai donc une empreinte à 12T de CO₂ /an – soit 2 à 3T de plus qu’un français moyen.

Une fois ce calcul effectué, j’ai pu relativiser et trouver une forme de justification — c’est typique de la dissonance cognitive qui nous pousse sans cesse à donner du sens à nos choix pour réduire l’inconfort et retrouver un apaisement.

Si j’arrive donc à réduire mon empreinte personnelle en limitant mes autres modes de transports et en végétalisant encore plus mon assiette, je pourrais sûrement me rapprocher de la moyenne de mes semblables.

Mais est-ce suffisant ? Je me disais que non, car en tant que facilitatrice de la transition, je ressens la responsabilité de faire mieux et de montrer le chemin. La dissonance me faisait toujours porter le poids de la honte et de la culpabilité.

Après avoir décidé d’éviter et de réduire mon empreinte carbone, je me suis alors mise en quête d’une forme de compensation.
Et si je plantais des arbres ? Je suis consciente que ce n’est pas une solution immédiate : leur capacité à absorber du CO₂ ne devient significative qu’après dix à vingt ans. Néanmoins, bien menée, cette action reste un engagement utile pour l’avenir.

Et puis, il y a une autre forme de compensation, plus directe celle-ci : celle que j’induis par mes actions de formation, de sensibilisation et d’accompagnement. Mais comment la calculer ?
J’ai pu trouver des éléments de réponses sur des articles en lien avec la mesure d’impact de la fresque du climat de Carbone 4. Cela m’a permis de définir que, depuis le début de l’année, j’ai pu contribuer à une baisse estimée de CO₂ de 12T.

Je me suis alors donnée pour engagement de compenser deux fois (par les arbres et par mon impact positif) les 10 tonnes de CO₂ qui me séparent des 2T attendus d’ici 2050 suivant les préconisations des Accords de Paris.

A ce stade, l’ingénieure que je suis était plutôt contente : le calcul est bon, cohérent et l’action engagée efficace… mais mon cœur était encore lourd. J’étais rassurée sur l’empreinte carbone mais toujours pas sur ma légitimité d’écolo « parfaite ».

L’imperfection assumée comme chemin d’humilité

C’est auprès de mes amis et mes pairs que j’ai trouvé soutien et compréhension, une forme de réconfort qui m’a amené à plus d’humilité.

Oui, je vais dépasser mon objectif carbone, mais je le fais en conscience et en ayant mis en place des actions pour la limiter et la compenser.

Oui, je ne vais pas être « parfaite » - personne de l’est en réalité - mais cela me donne l’occasion d’expérimenter ce à quoi les personnes qui s’engagent sont souvent confrontées : le poids des contradictions – et me permettront probablement de mieux les accompagner.

Au final ce départ est une chance, celle de me donner l’occasion de découvrir une nouvelle culture et un autre mode de vie tout en continuant à m’engager auprès d’associations locales. C’est une source incroyable de richesse et d’ouverture d’esprit qui ne fera qu’améliorer ma vision holistique de l’écologie.

C’est enfin une grande responsabilité : honorer mes engagements, apprendre de mes incohérences, rester fidèle à l’élan qui m’anime, et m’engager chaque jour avec encore plus d’impact pour accompagner, à mon échelle, la transition écologique de manière positive et constructive.

Je me sens infiniment reconnaissante de pouvoir avoir la liberté de vivre cette expérience tout en continuant le métier que j’aime et qui a du sens pour moi.

Je suis prête à partir.

Mon départ est pour le 25 juillet 2025 !


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Pour aller plus loin

🔧 Calculer son empreinte carbone (et eau) :  https://nosgestesclimat.fr/

🎧 Ecouter : épisode 33 des Eco-enthousiastes - disponible aussi sur ta plateforme préférée 🙂

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