Prendre soin par les plantes et grâce aux femmes

Passionnée par les plantes et admirative de tout ce qu’elles ont à nous offrir et à nous apprendre, j’ai reçu le surnom de “sorcière” de part mon intérêt et mon assiduité à un stage de cueillette sauvage en pleine nature l’an passé.

Une compétence que j'ai bien à cœur de développer, et qui me rappelle tant ma grand-mère: ses soupes de pissenlits, ses purins d’orties, …

Elle savait cueillir et accommoder ce que la Nature nous offre généreusement, à une époque où on pensait que la “modernité” était ailleurs.

Et pourtant…aujourd’hui nous sommes de plus en plus nombreux à nous intéresser au pouvoir des plantes, à leur richesse et à leur force.

Véronique fait partie de ces passionnées, herbaliste et féministe son enthousiasme pour les plantes est communicatif et inspirant.

Ce qu’elle aime le plus dans cette science des plantes : sa richesse et son immensité ! Une immensité qu’elle a cœur à apprendre, découvrir, expérimenter pour être utile et transmettre ce savoir lors de ses ateliers et animations au Colombier Vert.

Pour elle, la connaissance des plantes c’est à la fois être utile en aidant les autres mais aussi l’opportunité de nous reconnecter à un TOUT.

Vers un Coin de Paradis : peux-tu nous en dire plus sur toi ? D'où t'es venue cette passion pour les plantes ?

Véronique : je suis formatrice en plantes médicinales et passionnée par les plantes en général. Cette passion a germé sur le tard de petites graines semées depuis mon enfance. Petite fille d’horticulteurs j’adorais passer mes vacances aux côtés de ma grand-mère qui préparait les bouquets et de mon grand-père affairé à planter les semis d’un jardin urbain de 2000 m² à Talence près de Bordeaux. A l'époque, quand ma grand-mère parlait des propriétés des plantes, je trouvais cela folklorique. Je comprends aujourd’hui la chance que j’ai eue d’y avoir été initiée sans même m’en rendre compte. Il y a 20 ans, alors que j’étais reporter photographe, j’ai quitté la ville (où j’avais toujours vécu) pour m’installer à la campagne.

Nous avons emménagé dans une maison avec un immense jardin laissé à l'abandon depuis une quarantaine d'années où la nature avait repris ses droits. Devant la richesse et la diversité des plantes que j’y rencontrais, j’ai eu envie de créer un herbier. J’ai commencé à découvrir des plantes communes, ces “mauvaises herbes” tel qu’on les appelle qui n’ont rien de mauvais, bien au contraire, tant leur utilité et leur force sont incomparables. Ortie, plantain, pissenlit, lierre terrestre savent autant nous soigner que nous nourrir. Je découvrais ainsi la botanique comme un jeu de piste, une chasse au trésor naturelle. Je me suis interrogée, j’ai recherché, j’ai appris petit à petit.

Je découvrais ainsi la botanique comme un jeu de piste, une chasse au trésor naturelle.

Et puis un jour, j’ai eu la sensation d'avoir fait le tour de mon métier de photographe. Animée tout de même par ce sens aigu de l’observation et de la beauté que m’a apporté ce métier, j’avais également une soif irrépressible d’apprendre. J’ai décidé il y a 10 ans de m’investir à 100% dans la connaissance des plantes pour suivre une formation à l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales et devenir herbaliste. Mon idée à ce moment-là était d’apprendre pour transmettre et aussi pour pouvoir prendre soin de moi et de mon entourage de manière naturelle. Ce qui me plait le plus dans la formation au monde végétal c’est qu’il s’agit d’un champ infini de connaissances qui mérite plus d’une vie pour être appréhendé dans sa globalité. Une source intarissable d’apprentissages donc qui me rassure et m'enthousiasme. Ce qui m’intéresse aussi c’est le côté très féminin finalement des plantes médicinales en lien avec le “prendre soin”, la transmission, le tissage de liens. J’estime avoir pour responsabilité et pour mission d’apprendre et transmettre tout ce savoir

Ce qui m’intéresse aussi c’est le côté très féminin finalement des plantes médicinales en lien avec le “prendre soin”, la transmission, le tissage de liens.

Pourquoi as-tu créé le Colombier Vert ? Quel est ce lieu ? Que peut-on y faire / y trouver ?

Véronique : Le Colombier Vert est une ancienne ferme datant de l’époque de Louis XIV, située en Bourgogne, à Champlay, composée d’un colombier, de granges, d’espaces de travail partagés et d’un jardin, le tout sur 4 hectares. Avec mon mari, nous en avons fait l'acquisition en 2008 avec la volonté de le restaurer dans le respect des techniques anciennes - qui sont également écologiques. Notre ambition est d’y accueillir du public en quête de Nature, des groupes en recherche de connaissance sur l’écologie ou sur les plantes. Notre jardin pédagogique est à la fois soignant et nourricier. Il comprend également un verger de variétés anciennes, mais également d’arbres, arbustes et haies favorisant une biodiversité riche et foisonnante. Le Colombier Vert s’inscrit vraiment dans une dynamique de partage et de transmission autour de visites, de formations et de stages. Depuis quelques années, je forme également  le grand public, en collaboration avec l’école des plantes qui m’a formée (ELPM), ou des néo-maraîchers du centre de formation (CFPPA) d’Auxerre sur la thématique des plantes aromatiques et médicinales. A terme, je souhaite pouvoir transformer ce Colombier Vert en centre de formation faisant intervenir des spécialistes de différents horizons.

Tu es également profondément féministe; peux-tu nous en dire plus sur le lien entre les femmes, les plantes et le soin ?

Véronique : Pour moi le féminisme c’est simplement des droits égaux entre les hommes et les femmes. Je pense que le monde irait beaucoup mieux s’il y avait plus d’hommes féministes ! Ma condition de femme a été ma deuxième grande rencontre avec les plantes. Je souffrais, comme 90% de femmes (et 70% avec des symptômes forts) de Syndromes Pré-Menstruels (SPM). La médecine conventionnelle n'avait que peu de considération pour cet état, l’ignorant ou voulant régler le problème à coup pilules oestroprogestatives ; des réponses insatisfaisantes pour moi. C’est là que j’ai découvert que les “plantes des femmes” étaient très efficaces et pouvaient réellement soutenir le cycle féminin. Alchémille (ou manteau de Notre Dame), chardon-Marie, achillée, gattilier m’ont énormément soulagée. Comment accepter que nous puissions passer 4000 jours de notre existence à souffrir de ces syndromes alors que des solutions naturelles existent ?! Le deuxième lien entre les femmes et les plantes, c’est à mon sens leur nature cyclique : le cycle menstruel, le cycle des saisons, mais aussi plus globalement le cycle de la vie. Je pense également que l’expérience de la faiblesse et de la vulnérabilité vécues par les femmes ouvre au soin. D’ailleurs, force est de constater que les métiers de soins sont plus largement représentés par les femmes. Il y a certainement un lien entre la capacité des femmes à donner vie et donc de prendre soin de la Vie. Des soins que les plantes aussi sont en mesure de nous donner par leurs merveilleuses vertus.

Véronique : Très probablement parce que ce savoir était porté majoritairement par des femmes et que celles-ci n’ont pas eu beaucoup de place dans notre histoire. Il ne faut pas oublier que nous avons une lecture très masculine de notre histoire. Qui parle des femmes préhistoriques qui assurèrent la survie de la tribu par une alimentation à 80% végétale ? Qui se souvient qu’à la Renaissance on a brûlé sur les bûchers plus de 10 000 femmes, véritables guérisseuses portées d’un savoir extraordinaire sur les plantes, accusées de sorcellerie ? Les rares qui ont échappé à cette chasse aux sorcières sont restées bien discrètes. A l’époque, le statut des femmes ne leur donnait qu’un accès très limité à l’éducation et à l’écriture. La transmission se faisait donc plutôt oralement. Parmi les rares femmes qui ont su laisser une trace dans l'histoire, il y a Hildegarde de Bingen, un modèle pour moi tant la richesse et l'étendue de ses connaissances était vaste il y a 800 ans déjà ! Je considère qu’elle était un génie. Reconnue comme la mère de la naturopathie et proposant une approche holistique de la santé, elle a également été compositrice, linguiste, auteure, abbesse, s’intéressant tant aux pierres qu’aux plantes, à l’astronomie qu’aux animaux. Elle avait déjà compris à l’époque des choses qu’on a l’impression de découvrir aujourd’hui. Malgré toute cette richesse féminine de la santé par les plantes, dans ma formation d’herbaliste seules des figures historiques masculines étaient citées : aucune référence à une seule femme - même pas Hildegarde ! Je trouve cela profondément injuste, d’autant que les cours étaient majoritairement suivis par des femmes, preuve encore une fois, s’il en fallait, que ce sujet est profondément féminin ! Depuis, je me suis engagée dans des recherches pour découvrir et mettre en avant ces femmes qui ont contribué et agit pour et avec la nature afin de transmettre l’information et le faire savoir au plus grand nombre. Enfin, l’arrivée dans les années 30 de la chimie a définitivement fait un pied de nez aux médecines naturelles en les méprisant au profit de la modernité par les médicaments. Devenus des “remèdes de grand-mère” d’un autre âge, les plantes ont peu à peu disparu de notre quotidien.

Depuis, je me suis engagée dans des recherches pour découvrir et mettre en avant ces femmes qui ont contribué et agit pour et avec la nature afin de transmettre l’information et le faire savoir au plus grand nombre.

Quels conseils pourrais-tu donner aux lecteurs de Vers un Coin de Paradis pour se reconnecter avec les plantes et ces savoirs ancestraux

Véronique : Je dirai : ne pas laisser aux experts la connaissance des plantes. Nous avons la chance aujourd’hui d’avoir plein de possibilités d’apprentissages en autonomie ou via des stages, ateliers et des formations pour soi-même aller creuser et chercher la connaissance. Sentez-vous légitime, osez en commençant par des plantes connues et accessibles. Faites connaissance avec elles et transmettez ! Là encore la transmission est profondément féminine !

Ta citation préférée ?

Véronique: “Sois le changement que tu veux voir dans le monde” de Gandhi. L’immensité du monde peut être écrasante, mais chacun à son échelle peut déjà faire quelque chose.

Un petit mot pour finir ?

Véronique : Je trouve notre époque très enthousiasmante (hormis bien sûr le contexte sanitaire actuel) car beaucoup de gens s’animent pour mettre en place des alternatives, pour engager des transitions pour un retour à la Nature. Je vois très clairement ce lien au Vivant se renouer et cela me ravie.

Je ne peux que vous inciter à partager, diffuser nos expériences et nos savoirs pour qu'ils continuent à perdurer et s’enrichir


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Pour aller plus loin

Découvre l’univers de Véronique et le Colombier Vert

Le Colombier Vert : gîte et formations

Colombe Coaching : coaching de vie

 

Lectures proposées par Véronique :

  • Les enfants de la terre de Jean Auel, édition Pockt (en 6 volumes de 1980 à 2011)
  • Le syndrome prémenstruel de Karine Ravier-Wrobel, édition Jouvence
  • L’utilité des mauvaises herbes :  Faites travailler les plantes à votre place de Joy Griffith-Jones (plus édité mais trouvable en occasion ou en pdf)
  • La révolution d’un seul brin de paille de Masanobu Fukuoka, Guy Trédaniel éditeur
  • Mon corps au pays des merveilles de Dr Clara Naudi, Noémie d’Auxiron, éditions Phidias,
  • Se soigner par les plantes de Dr Gilles Corjon, éditions Jean-Paul Gisserot

 

Se former :

https://www.ecoledeplantesmedicinales.com/ mon Ecole Lyonnaise des Plantes médicinales

https://www.floramedicina.com/  de Caroline Gagnon au Québec

https://www.altheaprovence.com/ de Christophe Bernard

 

Pour le plaisir d’une série :

Outlander, série adaptée des romans de Diana Gabaldon, avec une infirmière-herbaliste en héroïne

Articles à lire ou à relire :


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