Admirative de ces plantes offertes avec abondance par la nature, d’une force et de bénéfices parfois insoupçonnés, les plantes sauvages, injustement parfois nommées “mauvaises herbes”, ont désormais le vent en poupe !
Je m’y intéresse, je les (re)découvre, j’apprends petit à petit en me souvenant des cueillettes que je faisais avec ma grand-mère. Que ce soit les mûres qui finissaient bien souvent en tartes délicieuses, les orties en purin extraordinaire pour nourrir des tomates généreuses et succulentes, ou des pissenlits pour une soupe réchauffante et goûteuse….et le tout délivré par la Terre qui nous les offre sans compter !
Pour cet article, j’ai eu envie de me rapprocher d’Océane avec qui je partage de nombreuses valeurs et idéaux, notamment celui d’un retour au naturel et d’une reconnexion aux savoirs ancestraux. Cette ingénieure s’est tournée il y a quelque temps vers l’alimentation au naturel. Elle organise également des balades botaniques pour faire découvrir toutes les richesses des plantes sauvages.
Océane : J’ai travaillé pendant 10 ans dans l’industrie cosmétique en tant qu’ingénieur de recherche et développement. Donc en laboratoire pour développer des produits, mais aussi en communication scientifique, réglementation, … À travers mes missions dans les différentes entreprises dans lesquelles j’ai pu travailler, j’ai eu l’opportunité de développer ma sensibilité à la nature via des projets transverses en lien avec le développement durable, les huiles essentielles et les produits naturels. En quête de sens et d’équilibre pro/perso, j’ai décidé de quitter l’entreprise pour m’investir entièrement dans ma passion: la nutrition et la santé au naturel avec une spécialité “végé” et des formations complémentaires en aromathérapie, herboristerie, phytothérapie ainsi que les plantes sauvages.
Aujourd’hui j’accompagne les personnes en individuel ou en collectif via des conférences, ateliers ou conseils personnalisés afin qu’elles puissent intégrer de façon simple et progressive des connaissances et comportements durables nécessaires pour le maintien de leur santé au naturel dans le respect de l’environnement. J’interviens en conseil à la fois en tant que nutritionniste diététicienne mais aussi en partageant mes connaissances sur l’utilisation des plantes et en accompagnant les personnes vers une plus large autonomie via le “DIY” (Do It Yourself).
Océane : Il s’agit à mon sens d’une alimentation proche de la nature, respectueuse de LA nature et de SA nature (c'est-à-dire qui permet d’améliorer sa santé et son bien-être). C’est une alimentation qui donne la part belle au végétal, qui limite les aliments transformés ou ultra-transformés. Un mode de consommation qui invite à revenir à une forme d’intuition (dont nous nous sommes peu à peu éloignés) en interrogeant son corps et ses besoins.
Et les plantes sauvages dans tout ça ? Qu'est-ce qui te plait chez elles ?
Océane : Ayant principalement grandi en ville, les plantes sauvages ont longtemps été pour moi de vraies inconnues. Je les ai découvertes il y a seulement 12 ans avec une grande fascination. A cette époque, en tant que “jeune cadre dynamique stressée”, je ressentais un besoin d’ancrage à la Terre et à la Nature. Par cette reconnexion au vivant je découvrais une pulsion instinctive, presque enfantine de cueillir des plantes. Moi qui courais après le temps et après ma propre vie, j'appréciais leur compagnie indéfectible et rassurante toujours présentes “pour moi” au fil des saisons. Ces contacts à la Nature me ressourcent énormément; ils me permettent de me connecter en pleine conscience à l’instant présent. Et il n’y a pas que ça ! En apprenant à découvrir leur richesse et leurs pouvoirs, je me rattachais à elle par un lien plus engagé : celui d’un désir d’autonomie, d’indépendance et de bien-être. Car oui ces plantes sauvages sont non seulement à notre portée mais sont également extrêmement nutritives (bien plus que leurs cousines cultivées) ET grandissent dans le respect de l’environnement. Ce qui me passionne également dans cet univers végétal, c’est qu’il nous engage dans un apprentissage infini. Moi qui adore apprendre, j’en découvre chaque jour. A la croisée des chemins entre savoirs ancestraux et découvertes scientifiques, j’apprécie autant écouter les témoignages des “anciens” sur leur usage des plantes sauvages que de prendre connaissance des dernières études sur le sujet. Pour finir, ce qui me plait énormément, c’est qu’elles nous permettent de nous rapprocher de la Nature et de replacer l’humain comme une espèce parmi les autres, comme un maillon de notre écosystème.
Par cette reconnexion au vivant je découvrais une pulsion instinctive, presque enfantine de cueillir des plantes.
Océane : Il est effectivement très important de se poser cette question, mais pour autant elle ne doit pas nous paralyser. La nature, le sauvage, fait peur mais parfois de manière déraisonnée. Le premier danger est de se tromper de plante : il s’agit donc de ne jamais cueillir une plante que l’on n’a pas au préalable formellement identifiée. Cela dit, si je peux y apporter un peu de nuance, en France, sur les milliers d’espèces identifiées seules 20 sont mortelles. Il y a donc moins de risque de tomber sur une plante toxique que sur un mauvais champignon. D’ailleurs, les plantes réellement toxiques en France se trouvent plus dans notre jardin (plantes exotiques, d’ornement, …) que dans la nature. Il est donc statistiquement moins dangereux de goûter une plante en forêt que dans son propre jardin. Le deuxième danger est la pollution. Qu’elle soit humaine (industrielle, agricole, déchets,...) ou animale (via les excréments, l’urine ou la présence de parasites). Il est donc essentiel de respecter quelques règles de cueillette et de connaître le terrain et les repères qui permettent de s’en affranchir.
Océane : Difficile pour moi de choisir tant je les aime !! En fonction du moment, de la saison, de mes découvertes mes choix peuvent être différents...et c’est aussi d’ailleurs qui me plait en elles : leur diversité !! Je dirais pour le goût : le mouron des oiseaux avec sa texture croquante et son goût noisette, le nombril de vénus plus charnue, douce et facile à cueillir ou encore l’ail des ours pleine de vertus - à ne pas confondre avec le muguet. J’aime aussi les fleurs : la bourrache avec son goût iodé, la délicate violette ou l'éclat lumineux du calendula. A partager j’aime les fraises des bois, les noisettes, les noix ou les châtaignes. A enseigner : j’aime bien commencer avec les orties car elles sont à la fois faciles à cueillir et identifier mais également extrêmement riches au niveau nutritionnel : comparables à un steak pour les protéines, plus riches qu’un agrume en vitamine C, elles contiennent également du fer, de la silice,.... Aux enfants, j’aime leur faire découvrir le plantain car c’est une plante qui permet de soulager les piqûres d’orties, le gaillet gratteron qui colle aux vêtements pour son côté ludique ou encore la Benoîte urbaine dont je fais deviner l’odeur… J’aime beaucoup justement travailler les plantes sauvages avec nos 5 sens !
Océane : Je conseille de commencer par des plantes que l’on connaît déjà, de se faire guider et accompagner par des personnes qui connaissent et de ne pas hésiter à aller sur le terrain. Compléter son apprentissage par des livres ou des vidéos et retourner en pleine nature, vérifier et actualiser son apprentissage. Ces allers/retours permanents sont indispensables à une bonne connaissance des plantes. Je conseille d’observer les plantes dans leur environnement sur toute une année de manière à les voir à chaque stade de leur évolution ; l’identification formelle se faisant souvent au stade de la floraison. L’apprentissage des plantes sauvages c’est aussi l’école de la patience !
L’apprentissage des plantes sauvages c’est aussi l’école de la patience !
Océane : Avec plaisir ! Je vous en propose 3 : des boulettes de pousses d'orties crues à déguster sur place, un pesto à l’ail des ours ou encore une lessive au lierre. C’est cela qui est formidable aussi avec ces plantes, c’est que leur usage est varié et parfois insoupçonné !!
Océane: Il s’agit d’une citation attribuée à Apollinaire “Les mauvaises herbes même sont de celles que l'on pourrait rendre bonnes en en usant congrûment.” Car en réalité, c’est plus par ignorance qu’on les appelles "mauvaises". Bien souvent c’est même plutôt le contraire ! Je trouve que l’on devrait bannir ce terme !!
Un petit mot pour finir ?
Océane : Je dirai : humilité ! Il y a quelques jours, en échangeant avec une personne âgée, j’ai encore appris de nouvelles choses sur l’usage d’une plante dont je ne connaissais pas encore “l’utilité”. L’apprentissage des plantes est tellement vaste qu’il serait bien prétentieux de dire que l’on sait tout en ce domaine, et c’est bien cela qui en fait un apprentissage passionnant !
Cet article t'a-t-il donné envie d'en savoir plus sur les plantes sauvages ?
As-tu l'habitude d'en cueillir ? A quel usage ?
Qu'est-ce que t'inspirent ces plantes ?
Hâte de lire tes commentaires!
Pour en savoir plus sur Océane :
Lectures proposées par Océane :
Sur la partie plantes médicinales, un guide assez complet :
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