As-tu l’impression de ne pas voir défiler tes journées ? As-tu l’impression que le temps te file entre les doigts ? Et pour autant, c’est tellement difficile de ralentir parfois !!
Ce constat je l’ai fait clairement il y a 6 ans ...ou du moins c’est mon corps qui ne m’a pas laissé le choix.
Ce jour là en me rendant à mon dernier rendez-vous client de la journée je sentais bien que quelque chose se passait… mon dos commençait à me faire souffrir, et pour autant j’étais bien décidée comme d’habitude à taire cette douleur et continuer comme si de rien n'était...sauf que ce jour-là ça ne s’est pas passé comme ça !
Mon dos s’est complètement bloqué.
J’ai cru que je n’allais jamais pouvoir rentrer chez moi. Heureusement je n’habitais qu’à quelques minutes de là.
Après un effort presque sur-humain j’ai réussi à me conduire jusqu’à la maison, m’effondrer sur le canapé sans pouvoir en bouger (ou presque) pendant 15 jours.
Ce blocage physique a été accompagné d’une longue période de déprime de pleurs, et de remise en question,...
C’est là que j’ai compris que je n’étais plus sur le bon chemin.
C’est là que j’ai décidé que les choses devaient changer.
C’est là que j’ai commencé à apprendre à apprivoiser mon temps, mon énergie et donner un nouveau sens à ma vie.
Cet épisode tu l’a peut-être vécu toi-même (ou quelque chose de similaire), Claire aussi en a fait l’expérience...et pas qu’une fois.
Claire j’ai eu le plaisir de faire sa connaissance à La Ruche Saint Germain en Laye, elle en était alors directrice. J’ai tout de suite aimé sa proximité, sa bienveillance, son écoute, son empathie et son énergie positive. Aujourd’hui elle est en pleine transformation vers un autre idéal de vie et anime avec beaucoup de douceur le podcast “le bon tempo”.
Elle nous partage dans cet article son parcours et ses conseils pour nous aider à ralentir.
Claire : Aînée d’une fratrie de 3 sœurs, l’étiquette de la bonne élève ne m’a pas lâché durant des années; même si j’ai eu mon petit passage rebelle étant ado. Adulte, je suis rapidement rentrée dans le rang, en cherchant l'approbation de mes actes dans le regard des autres : ma famille, mes amis, mes collègues, étaient devenus des boussoles me menant sur des chemins que je n’avais pas vraiment choisis. Mais tout cela n’a fait que m’amener à des périodes d’épuisement intense : je peux dire malheureusement que je suis récidiviste en épuisement. Le fait de devenir maman a fait émerger beaucoup de choses en moi; je réalisais que ce que j’étais en train de vivre n’était pas ce que souhaite pour mes enfants. Pour autant “sur le papier” tout était parfait : diplômée d’une grande école de commerce, j’avais gravi des échelons dans ma carrière professionnelle, mais au fond de moi je ressentais une forte dissonance : tout cela n’était pas ce que je voulais vraiment. Mais qu’est-ce qui était important pour moi en fait ?
Le Greenpeace Film Festival a commencé à m’ouvrir les yeux en me montrant ce dont je n’avais pas eu conscience ces dernières années. Tout à coup j’ai compris à quel point j’étais désalignée. Je venais de prendre conscience que je devais agir pour donner du sens à mes actions. Ma première tentative n’a pas été concluante; non pas que mes actions n'avaient pas de sens, bien au contraire, mais je n’avais pas intégré un autre paramètre : mon rapport au temps. Totalement engagée dans ce poste à impact, je subissais le temps en me disant “si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour les autres”. J’ai rencontré des entreprises de l’ESS (Economie Sociale et Solidaire) inspirantes, je conseillais aux porteurs de projet de veiller à bien remplir leur réservoir d’énergie... et là encore; nouvelle dissonance: mais qui étais-je pour donner ces conseils alors que je ne les appliquais pas à moi-même. A cela s’est ajouté le premier confinement et ses contraintes personnelles (la gestion des enfants, le repli sur le foyer) et me voilà qui explosait de nouveau en plein vol ! Cette pause forcée m’a fait prendre conscience que cette thématique du temps revenait en permanence. J’ai d’abord commencé à écrire ce qui m’a fait beaucoup de bien. Ne comprenant pas toujours ce qui se passait en moi, j’en ai parlé autour de moi et j’ai pu constater beaucoup de résonance. Je n’étais pas seule. A ce moment là j’ai eu comme un flashback : 2 ou 3 ans auparavant Gilles Vernet, un ancien trader devenu instituteur, scénariste, réalisateur, écrivain et conférencier sortait le film "Tout s'accélère" qui m’avait énormément touchée. Le message était clair: je devais ralentir. J’avais besoin et envie de croire que c’était possible...sinon il était fort à craindre que “plus ça va aller et plus ça va aller vite” !
Claire : C’est ce gros coup de frein dans ma vie qui m’a donné l’envie de ce podcast. Je voulais aller chercher des personnes engagées qui avaient trouvé dans un rythme vertueux une grande source d’épanouissement à la fois pour le bien-être individuel et collectif. Des personnes qui agissent pour un futur souhaitable sans s’oublier eux-même. C’était une sorte de thérapie que j’avais envie de partager. Un temps de pause, de respiration, d’introspection dont j’avais besoin pour comprendre comment j’avais fait pour en arriver là. Un temps d’inspiration également pour appliquer à moi même les riches enseignements que je recevais et faire le point sur ce qui fonctionnait ou pas chez moi.
Grâce à ce podcast je réapprends à me réapproprier ce temps, à être à l’écoute de mes besoins et de mes émotions
J’ai commencé à réapprendre, à changer mes habitudes. Grâce à ce podcast je me “soigne” dans la joie et la bonne humeur et je réapprends à me réapproprier ce temps (comme un enfants qui vit l'instant présent), à être à l’écoute de mes besoins et de mes émotions agréables ou désagréables...celles-ci même qui me puisaient toute mon énergie alors que j’essayais de les contenir.
Claire : Jusqu’à dernièrement j’avais vraiment l’impression de le subir, d’être en apnée ou de boire la tasse. Je ne faisais que gérer les urgences du quotidien. Mon rapport au temps est en train d’évoluer. je ne le subit plus; au contraire il devient ma nouvelle boussole. Cela me rappelle une analogie faite par une surfeuse que j’ai interviewée : le surf c’est comme la vie; chaque vague est différente, on ne sait jamais à l’avance comment on va la prendre; il s’agit donc de se centrer sur soi, ses émotions pour l'appréhender au mieux.
Claire : On court tout le temps, on n’a pas le temps. La technologie prend beaucoup de place dans nos vies d’hyperconnectés et dans ce monde multitâches, nous sommes en permanence interrompus. La société fait l'éloge de la rapidité qui est vue comme une performance alors que la lenteur critiquée est jugée comme négative. Je pense qu’il est nécessaire de réinterroger nos croyances. Quelqu’un qui travaille plus de 50h par semaine ne sera pas forcément plus performant qu’une autre qui ne travaille que 4 jours par semaine.
Claire : Ralentir c’est une invitation à la pleine conscience de nos actions et de réapprendre la patience. Il est clair que ce n’est pas évident dans notre société de l’hyperconsommation qui nous encourage à l’immédiateté au “tout tout de suite maintenant”.Je le vois avec mon petit garçon qui ressentait beaucoup de frustration face à l’attente. Aujourd’hui, après en avoir discuté avec lui, il comprend la valeur et le plaisir de l’attente. Ralentir c’est aussi le moyen de recharger ses batteries et d’exploiter son plein potentiel; ce qui, paradoxalement, peut également être un bon moyen de gagner du temps. Par exemple, si je suis fatiguée je peux réaliser une tâche de 30’ en 3h...qu’ai-je à gagner ? Enfin, ralentir c’est aussi le moyen d’avoir un impact positif sur son entourage. Car en ralentissant, je me sens mieux ; c’est comme si je diffusais de bonnes ondes autour de moi, perceptibles par mon entourage (vous n’avez jamais remarqué que c’est quand vous êtes fatigué que vos enfants appuient là où ça fait mal ?).
Je ne prône pas spécialement le ralentissement en fait. Ce que je déplore, c’est surtout le manque d’alternance dans nos rythmes, nécessaires à notre santé mentale et physique.
Aujourd’hui, ne pas faire les choses rapidement devient un acte de résistance.
Claire : Voilà les petites choses que j'expérimente aujourd’hui - de la matière que j’ai récolté de la part des personnes que j’ai interviewé :
En somme, il s’agit d’alterner les rythmes et d’écouter son corps et ses émotions. D’ailleurs pour compléter cette approche, je vais me lancer très prochainement dans l’observation de mes cycles menstruels. Je vais également explorer dans mes prochains épisodes de podcast les expériences de retraites en pleine nature, de bains de forêt,...
Arrêtons donc de se faire mal : même si on est plein de bonnes intentions, on a moins d’impact en courant partout. En étant en forme et bienveillant avec soi-même on devient plus magnétique, plus inspirant.
En étant en forme et bienveillant avec soi-même on devient plus magnétique, plus inspirant.
Claire: Celle de Lao Tseu illustre bien mon propos : « Si tu es déprimé, tu vis trop dans le passé. Si tu es anxieux, tu vis trop dans le futur. Si tu es en paix, c’est que tu vis dans le présent. ».
Un petit mot pour finir ?
Claire : J’avais envie de dire “n’ayons pas peur du vide”. N’ayons pas peur de nous retrouver avec nous-même. Jean D’Ormesson disait : “L'ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie”.
Et j’ajouterais qu’il est indispensable de se faire du bien et de préserver son réservoir d’énergie car le monde en a besoin !
Je nous souhaite à tous de trouver notre bon tempo.
Où en es-tu au quotidien dans ton rapport au temps ?
As-tu l'habitude de te ressourcer ? De prendre du temps pour toi ou es-tu plutôt dans l'agitation permanente et les "to do list" à rallonge ?
Qu'as-tu envie de retenir de cet article ?
Hâte de lire tes commentaires!
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